Projet de pose de pavés de mémoire pour les résistants fusillés au Tir national et à Breendonk durant la Seconde Guerre mondiale, inhumés à l’« Enclos des fusillés » (Bruxelles) débuté en 2016
Résistants domiciliés à Anderlecht | Bruxelles-Ville | Drogenbos | Etterbeek | Evere | Forest | Ixelles | Jette | Laeken | Molenbeek | Saint-Gilles | Saint-Josse | Schaerbeek | Uccle | Woluwe-St-Lambert
Le Tir national et l’« Enclos des fusillés »
Après avoir été hébergé à la Caserne Dailly, un nouveau bâtiment a été construit en 1889, le long de l’actuel boulevard Reyers à Schaerbeek, pour abriter le Tir national et permettre à la Garde Civique puis à l’Armée (jusqu’en 1945) de s’entraîner à l’usage d’armes à feu dans un espace plus vaste, en l’occurrence porté à 600 mètres.
Le Tir national a été occupé durant les deux Guerres mondiales par l’armée allemande. De nombreux résistants y ont été fusillés, puis enterrés à proximité, à l’« Enclos des fusillés ». Citons à titre d’exemple Edith Cavell et Gabrielle Petit, exécutées en 1915 et 1916, ou les frères Livchitz et Lucien Orfinger, fusillés en 1944.
Le Tir national a été démoli en avril 1963 pour faire place aux studios de la radio-télévision belge (RTBF et VRT).
L’« Enclos des fusillés » n’a pas disparu avec la démolition du Tir national mais a été réaménagé. Il se situe à l’arrière du complexe de la radio-télévision. On y accède par le numéro 102 de la rue Colonel Bourg. Toutes les tombes des victimes de la Première Guerre mondiale, au nombre de 35, ont été désaffectées après avoir été déplacées vers d’autres cimetières. Une pierre funéraire reprenant leurs noms a été placée en lieu et place.
La liste des fusillés de la Seconde Guerre mondiale inhumés à l’« Enclos des fusillés » a été publiée dans un livret édité par l’imprimerie d’Hondt – De Grave (Bruxelles, s.d.) à la libération. Celui-ci fait état de 261 tombes identifiables sur les 365 alors recensées. Depuis, les relevés se sont affinés. Sur les 365 tombes, il resterait aujourd’hui 146 corps en place, dont 38 non identifiés. 219 ont été, au cours des ans, exhumés. Le site a été classé en 1983 par la Direction générale des Monuments et Sites de la Région de Bruxelles-Capitale et est mentionné dans la liste de l’inventaire du patrimoine qu’elle publie.
Les victimes sont toutes des résistants ou des otages, d’appartenances politiques diverses. La toute grande majorité était de confession catholique puisque toutes les tombes sont marquées d’une croix, à l’exception de douze d’entre elles arborant l’étoile de David et une stèle indiquant l’origine juive de la personne inhumée. La plupart des victimes sont belges mais des résistants d’autres nationalités sont également présentes. Une stèle au milieu du cimetière marque l’emplacement d’une urne contenant les restes de victimes des camps de concentration nazis.
Le cimetière est fleuri par les autorités communales le 1er novembre de chaque année. Un pèlerinage en mémoire des anciens détenus de Breendonk et des prisonniers politiques et raciaux de la Seconde Guerre mondiale y a lieu chaque année le 4eme dimanche d’avril en présence de Sa Majesté le Roi ou de son Représentant, du Ministre de la Défense et de personnalités militaires, de membres du gouvernement, et de représentants d’Associations patriotiques et d’Amicales de prisonniers et de déportés, à l’initiative de la Confédération Nationale des Prisonniers Politiques et Ayants droits de Belgique (CNPPA). Notons que ces manifestations conduites en mémoire des victimes de l’occupant ayant défendu l’honneur de la nation sont de moins en moins fréquentées par les jeunes générations, celles-ci n’ayant pas connu la guerre.
Un nouveau projet architectural est aujourd’hui programmé, qui verra naître à l’emplacement et sur le pourtour des bâtiments de la radio-télévision une « Cité des médias ». Celle-ci transformera radicalement le site, la naissance d’un nouveau quartier étant annoncé. Des entreprises actives dans le domaine des médias, une cinémathèque, un musée, un parc public, des logements pour 6.000 habitants et des commerces y verront le jour. Les travaux devraient débuter cette année et s’étaler jusqu’en 2030. Le cimetière ne devrait pas être affecté par les transformations prévues, le site étant classé. On peut toutefois s’interroger sur son maintien à moyen terme. Si le Ministre de la Défense Nationale, Philippe Goffin, considérant notre projet et les craintes exprimées a, en août 2020, octroyé via un diplôme le titre de « Nécropole nationale » au site, nous pouvons être rassuré sur ce point. Il reste toutefois possible que des exhumations se poursuivent. Rappelons que les tombes datant de la Première Guerre mondiale ont toutes été désaffectées. Évoquer la mémoire et les exploits des héros qui y sont ou y ont été inhumés, dans ce contexte de transformation des lieux, nous semble opportun pour réfléchir tant aux valeurs citoyennes qu’à l’existence du patrimoine mémoriel.
Notre projet de mémoire et de reconnaissance pour les victimes de l’« Enclos des fusillés »
Le projet porté par Mémoire d’Auschwitz ASBL, repose sur l’identification des victimes fusillées à Breendonk ou au Tir National, inhumées à l’« Enclos des fusillés », pour lesquels des pavés seront placés et comprend toutes les victimes qui y ont été enterrées (y compris celles qui ont été exhumées). Un dossier est constitué pour chaque victime afin de regrouper les informations et sources disponibles (publications et archives). Le projet est proposé aux établissements scolaires qui sont invités à participer à son développement par des travaux à réaliser en classe. La pose d’un pavé est donc également un objectif pédagogique bien concret pour développer chez les élèves une prise de conscience citoyenne.
Le « côté pluriannuel » de l’activité :
Le projet a débuté par la pose de pavés pour les 87 victimes de l’« Enclos des fusillés » qui étaient domiciliées à Bruxelles au moment de leur arrestation. Près de deux années ont été nécessaires pour finaliser leur placement. Deux années supplémentaires seront encore nécessaires pour poser les quelques 150 pavés encore à disposer, sauf exceptions, dans le reste du pays (365 victimes y ont été enterrées mais seules 195 adresses ont pu être retrouvées à ce jour).
Le geste lui-même et l’activité autour (installation, dévoilement, associer les élèves, … communication)
Dans un premier temps, après adaptation des cavités préalablement creusées dans les trottoirs par les ouvriers communaux, Gunter Demnig y scelle les pavés en présence des autorités communales, des associations invitées, des commanditaires, des familles, des proches, de voisins et de journalistes. Il arrive que des personnalités politiques assistent également à l’événement. Nous avons ainsi eu le plaisir de rencontrer les bourgmestres Paul Magnette (Charleroi) et Joël Riguelle (Berchem-Sainte-Agathe) ainsi qu’André Flahaut, ministre du Budget, à la Fonction publique et à la Simplification administrative du Gouvernement de la Communauté française, ou encore Olivier Maingain, bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert. Les promoteurs et les familles des victimes sont à cette occasion invités à prononcer quelques mots afin de raviver le souvenir et le parcours des défunts. Les élèves présentent leurs travaux. La police communale, lors des journées de pose, assure la protection des personnes présentes.
Dans un second temps, en général dans l’année qui suit la pose des pavés, une cérémonie officielle peut être organisée dans les maisons communales concernées en présence du bourgmestre et des échevins, d’élèves d’établissements scolaires du secondaire, de représentants d’associations, de journalistes, et d’un large public. Les participants sont ensuite menés aux adresses des pavés, où des discours sont entendus pour rappeler la destinée des victimes.
Les établissements scolaires sont invités, comme déjà signalé, à développer un travail de mémoire. Le fruit de ces travaux de recherche menés dans les classes (par exemple le développement d’une biographie) sont mis en ligne sur le présent site internet que nous mettons à disposition des élèves, des enseignants et des chercheurs. Au travers de ce projet, nous visons également à promouvoir l’étude de la Seconde Guerre mondiale et les enjeux des grandes questions qui traversent notre époque.
Cérémonie officielle de pose de pavés à Schaerbeek en mémoire des enfants d’Izieu © DW – Mémoire d’Auschwitz ASBL.
Établissements scolaires ayant participé à l’élaboration du projet, en parrainant un pavé et en préparant leur participations aux poses des pavés
- 2018 – Tir national et à Breendonk durant la Seconde Guerre mondiale, inhumés à l’« Enclos des fusillés » (Bruxelles)
- 2019 – Tir national et à Breendonk durant la Seconde Guerre mondiale, inhumés à l’« Enclos des fusillés » (Bruxelles) et Fusillés au Tir de Marcinelle (Charleroi)
Le lien avec l’engagement de la Belgique en la matière :
Les victimes résistantes, assassinées au Tir National et à Breendonk et inhumées à l’« Enclos des fusillés » étaient des patriotes bien décidés à défendre nos valeurs démocratiques. Ils appartenaient à différents mouvements de résistance (Armée Secrète, Front de l’Indépendance, Mouvement National Belge, Groupe Socrate, les Insoumis, …) ou à des réseaux de renseignements (Luc-Marc, Hotton, Comète, …). Il y avait également des otages parmi les victimes, souvent des proches de résistants condamnés. Tous ont de fait été arrêtés en raison de la nature de leurs activités antinazies. Certaines de ces victimes sont bien connues des historiens, d’autres moins. D’une manière générale, il devrait être possible d’en apprendre davantage sur chacun d’entre eux.
Les liens entre les victimes et la Belgique montrent que ces résistants ont cherché à libérer le pays en combattant l’occupant et ses collaborateurs. Il s’agissait de défendre les idéaux fondamentaux : le droit et la justice, la liberté et la démocratie, la souveraineté du Royaume. Ce projet de pose de pavés se conçoit également comme une incitation auprès de nos concitoyens à la réflexion, pour la défense de nos valeurs les plus chères, tolérance et esprit citoyen en tête.
Qui fait quoi ?
Mémoire d’Auschwitz ASBL, maître d’œuvre du projet et commanditaire des pavés, l’a développé en collaboration avec la Confédération Nationale des Prisonniers Politiques et Ayants Droits de Belgique (CNPPA), l’Association pour la Mémoire de la Shoah (AMS) – qui en a géré les aspects pratiques liés à la commande, la fabrication et la pose des pavés – et les enseignants souhaitant y participer avec leurs élèves. Ceux-ci sont invités à effectuer, avec notre aide, des recherches sur la Seconde Guerre mondiale et sur le vécu des résistants dont il est ici question. Les travaux réalisés en classe pourront être mis en ligne sur le présent site internet. Le projet est ouvert aux associations qui souhaitent nous rejoindre.
Processus de pose de chacun des pavés du projet
Toutes les poses de pavés du projet se sont déroulées, sauf exceptions dans ce cas mentionnées dans les pages comprenant les photographies, de la façon suivante :
Discours d’accueil de Marcel Zalc, Président de l’Association pour la Mémoire de la Shoah
Discours d’accueil de Daniel Weyssow, Chargé de projet à Mémoire d’Auschwitz ASBL
Discours préparés en classe par les élèves des établissements scolaires participants aux poses
Discours des Bourgmestres et des Echevin.e.s présent.e.s aux poses
Discours des membres éventuels des familles du Résistant honoré
Lecture de la biographie du Résistant par Daniel Weyssow
Scellement du pavé par les ouvriers communaux (avec l’autorisation de Gunter Demnig, inventeur des pavés de mémoire, dans les communes où il a déjà lui-même effectué une pose de pavé)
Échange de questions / réponses avec les élèves.
Les personnes suivantes, que l’on retrouvera sur nombre des photographies présentées sans qu’elles ne soient citées afin d’éviter de lourdes répétitions, ont participé ou ont pris part à l’un ou l’autre moment à l’élaboration du projet :
Marcel Zalc, Président de l’Association pour la Mémoire de la Shoah (AMS)
Bella Swiatlowski, Administratrice de l’Association pour la Mémoire de la Shoah
Nicole Weismann, Secrétaire générale, Association pour la Mémoire de la Shoah
Alain Mihaly, Secrétaire, Association pour la Mémoire de la Shoah
Cécilia Wanekem, Stagiaire, Association pour la Mémoire de la Shoah
Christiane Berger, Membre de l’Association pour la Mémoire de la Shoah
Edmond Eycken, Président de la Confédération nationale des Prisonniers politiques et Ayants Droit de Belgique (CNPPA)
Annie Schouls, Membre de la Confédération nationale des Prisonniers politiques et Ayants Droit de Belgique
Henri Goldberg, Président de la Fondation Auschwitz
Luc Dufresne, Secrétaire honoraire de la Banque nationale de Belgique
Michel Descamps, Hainaut Mémoire
Angelo Maira, Réalisateur vidéo, War Heritage Institute
Ambroise Perrin, Séquences filmées pour Mémoire d’Auschwitz ASBL
Punh Sokh, Enregistrements sonores, Mémoire d’Auschwitz ASBL
Daniel Weyssow, Chargé de projet, Mémoire d’Auschwitz ASBL.
Des photographies ainsi que des séquences filmées ou sonores provenant d’enregistrements d’Angelo Maira, Ambroise Perrin, et Punh Sokh sont susceptibles d’être ajoutées ultérieurement afin de compléter la présente galerie.
Gunter Demnig, inventeur des Stolpersteine, et Katja Demnig, son épouse.
Nous prions les personnes non citées en exergue des pages de photographies présentées de ne pas se sentir oubliées ou lésées. N’étant pas en possession de l’identité de l’ensemble des personnes présentes lors des poses de pavés, il ne nous a pas été possible de procéder autrement. Tout complément d’informations sera le bienvenu.
Aux responsables des institutions scolaires présentes et à toute autre personne ayant assisté aux poses et qui souhaiteraient nous adresser d’autres travaux réalisés en classe ou des photographies des cérémonies de pose, nous les y intégrerons dans la mesure des possibilités si elles ne devaient pas présenter de doublons par rapport à celles déjà exposées ici.
Résistants domiciliés à Bruxelles fusillés à Breendonk ou au Tir national inhumés à l’Enclos des fusillés pour lesquels un pavé de mémoire a été posé dans le cadre du projet
Pavés placés (50) en 2018 (par ordre alphabétique) :
Mauritz ANDRIES, Théodore ANGHELOFF, Léon BAR (BAUDOUIN), Joseph BAUWIN, Etrusco BENCI, André BERTULOT, Gaston BIDOUL, René BLUM, Armand BOGAERTS, Raymond BOSMANS, René BREMS, Edouard BROWAEYS, Jean CAIVEAU, René COMHAIRE, René COPINNE, Marcel DANEELS, Albert DE BADRIHAYE, Marcel DEMONCEAU, Théodore DENIS, Camille DE KONINCK, Albert DELCROIX, Marcel DENOOZ, Joseph DESCHAMPS, Jean DRUART, Edmond EYCKEN, Arnaud FRAITEUR, René GOBERT, Eugène HUBEAU, René LACHAUD, Paul LEMAITRE, Jean LEYNIERS, Richard LIPPER, Georges MARECHAL, Jean MOETWIL, Ernest MUSETTE, Georges NOEL, Eugène PREDOM, Jean PRUIN, Maurice RASKIN, Jean REDING, Jean-Baptiste SLEGERS, Jacques STORCK, Jean-François TIHON, Jean VAN CAMPENHOUT, Marcel VERHAMME, Martial VAN SCHELLE, Charles VERBIST, Marcel VERRALEWECK, Léon VREURICK, Philippe WINNEN
Pavés placés (35) en 2019 (par ordre alphabétique) :
Richard ALTENHOF, Jean BONTEMPS, Valère BROECKAERT, Raoul CLAEYS, Jean COPPENS, Léopold DANEELS, Hersz DOBRZINSKI, Jacques DRABBE, Louis EVERAERT, Maurice GEERAERTS, Paul GELENNE, Arthur HELLMANN, Achille HOTTIA, Julien KEMEL, Armand LEFORT, Joseph LOOSSENS, André LOUIS, Mikulas (Michel) LOVENVIRTH, Maurice MANDELBAUM, Albert MEURICE, Frédéric MOHRFELD, Ghislain NEYBERGH, François NEYT, [Samuel POTASZNIK], Maurice REYGAERTS, Louis RICKAL, Robert ROBERTS-JONES, Rudolf SCHÖNBERG, Vincent VANDERMAELEN, Omer VANDEUREN, Emile VANLERBERGHE, Edmond VAN WEZEMAEL, Arthur VERDURMEN, Aloïs VERSTRAETEN, Bruno WEINGAST
Remarque : Hersz DOBRZINSKI était domicilié dans la région de Charleroi. Le pavé a dès lors été placé lors des poses faites dans le cadre de notre hommage aux Résistants fusillés de Marcinelle le 9-10-2019.
Pavés placés par commune :
Anderlecht | Bruxelles-Villes | Drogenbos | Etterbeek | Evere | Forest | Ixelles | Jette | Laeken | Molenbeek | Saint-Gilles | Saint-Josse | Schaerbek | Uccle | Woluwe-St. Lambert
Recherche et rédaction des textes des pavés et des notices biographiques : Annie Schouls (A.S.) (Confédération Nationale des Prisonniers Politiques et Ayant-droit – CNPPA) et Daniel Weyssow (D.W.) (Fondation Auschwitz / Mémoire d’Auschwitz ASBL)
Sources : Dossiers consultés aux Archives Générales du Royaume – Service archives des Victimes de la Guerre.
Projet réalisé par Mémoire d’Auschwitz ASBL : avec la collaboration de l’Association pour la Mémoire de la Shoah (AMS – qui gère les aspects pratiques liés à la commande, la fabrication et la pose des pavés), la Confédération Nationale des Prisonniers Politiques et Ayants Droits de Belgique (CNPPA), avec le soutien de la Chancellerie du Premier ministre.